Face au bar
Un verre à la main,
Il regarde le vide.
Il ne pense plus à sa vie.
Un verre à la main,
Sa bouche s’est tue.
Les pieds croisés sous sa table,
Il purge ses espoirs
Comme on se déleste d’un poids.
Depuis bien longtemps,
Il ne rit plus.
Aucune larme dans son regard,
Il ne pleure plus.
Même la tristesse l’a oublié.
Il ne sait plus.
Les souvenirs d’homme
Disparaissent de son histoire.
Seules les rides innombrables
Sur sa face émaciée
Inscrivent ses mémoires.
Dans la glace, face au bar,
Son reflet ne le reconnait plus.
Sa bouteille se vide.
Son souffle s’étiole.
Sa vie s’efface.
Il ajuste sa casquette usagée
Et cache ses yeux mornes
D’un geste fatigué d’exister.
Face à son verre,
Dans ce bar du soir,
Il sait.
Il sait qu’il ne reviendra aucun autre soir.
Gervaise Accart-Sanier
Septembre 2015